ES03: Alicia Fernández

Alicia FernÁndez

Alicia est une éleveuse d’agneaux transhumante de la Sierra de Segura (Jaén), elle a décidé d’entreprendre et de commencer un processus de succession dans l’exploitation familiale, comme une forme de travail indépendant qui lui offrirait des possibilités d’emploi stable. Pour entamer le processus, elle a fait une demande de participation aux programmes « Young Farmers Set Up » (YFSU) par le biais des PDR de l’UE ; mais l’activité elle-même, outre les circonstances de la crise de Covid, l’a obligée à rechercher d’autres outils de financement, tels que les contrats de transfert de charge du bétail, qui lui ont permis de gagner du temps et de garantir la capacité de génération de revenus de son exploitation. Son désir pour l’avenir est d’élever son bétail, d’introduire d’autres espèces et de créer des emplois. À cette fin, elle planifie déjà son projet de modernisation.

1. DONNÉES PERSONNELLES DE L’AGRICULTEUR

Nom: Alicia Fernández.

Année de naissance: 27 ans.

Sexe: Féminin.

Formation: Diplômée en administration et gestion des entreprises. Formation à l’élevage par le biais de cours « Set Up » pour jeunes agriculteurs.

Profession: Ferme d’élevage de moutons transhumants Segureña, travaille comme indépendante à plein temps dans son exploitation.

2. DONNÉES SUR L’EXPLOITATION AGRICOLE

Localisation de l’exploitation: En tant qu’éleveuse transhumante, Alicia possède 3 zones de pâturage dans la province de Jaén. Un pâturage d’hiver à Navas de San Juan (250 ha), et 2 pâturages d’été, l’un appartenant aux pâturages communaux gérés par la SAT à Santiago Pontones et d’autres pâturages privés à Puebla de Don Fadrique.

Superficie de l’exploitation en ha: Plus de 400 ha de pâturages.

Description de l’exploitation: Après ses études universitaires, Alicia n’a pas trouvé la stabilité d’emploi qu’elle recherchait et son père lui a proposé de reprendre une partie de son élevage de moutons Segureña. Les subventions pour l’installation des jeunes agriculteurs ont été publiées au même moment, alors son père et elle ont décidé d’entamer le processus de succession et d’incorporation.

Alicia a acheté une partie du bétail de son père, en concluant des contrats de location des pâturages. Son exploitation gère un élevage extensif de moutons Segureña sous les modalités de la transhumance et est actuellement en cours de certification biologique. Elle vend par l’intermédiaire d’une association (Coosegur) qui garantit des certificats de qualité pour l’agneau Segureño et obtient les meilleures marges pour ses associés.

Pour la gestion des pâturages, elle loue une partie d’entre eux avec des contrats privés et une autre partie est constituée de pâturages communaux (publics). À cet effet, elle fait partie d’une SAT (Société andalouse de transformation) qui regroupe de nombreux éleveurs de bétail, ce qui leur permet d’accéder aux offres publiques de concessions de pâturages. Cette forme d’association est fondamentale, sans elle ils ne pourraient pas accéder aux fonds individuellement. La SAT les conseille sur l’exécution des contrats, la gestion des surfaces et la répartition des droits de paiement de la PAC qui y sont attachés.

3. FINANCEMENT ET ACCÈS AU FINANCEMENT

Alicia a combiné diverses formes de financement pour créer et gérer son entreprise d’élevage. L’opportunité de démarrer son entreprise est née du désir de son père d’initier un processus de succession, rendu possible grâce à la publication du PDR pour l’installation des jeunes agriculteurs.

Les subventions à l’installation ont été fondamentales, mais Alicia a utilisé une partie de ses fonds propres pour couvrir une partie des paiements. L’une des plus grandes difficultés du programme Set Up est la gestion des paiements, échelonnés en plusieurs versements, ce qui rend difficile dans son cas le paiement de l’achat du bétail. C’est la raison pour laquelle, dans les contrats d’achat, l’achat est échelonné en trois versements, en l’adaptant aux périodes de collecte du programme Set Up.

Alicia veut agrandir son troupeau en augmentant le nombre d’animaux et en introduisant d’autres espèces, principalement des vaches. À cette fin, elle a, dès le début, surdimensionné la zone à louer, en vue d’acheter de nouveaux bovins. La situation de Covid a limité ses possibilités de croissance en 2020, c’est pourquoi elle a dû chercher des solutions à son excédent de surface de pâturage, qui mettait en danger le non-recouvrement des droits aux paiements de la PAC liés à cet excédent.

C’est ainsi qu’est né le contrat de transfert de charge du bétail, un contrat par lequel Alicia transfère des pâturages pour nourrir le bétail d’un autre agriculteur. Alicia reçoit ainsi un bail pour le transfert de pâturages et peut justifier les droits au paiement de la PAC sur une surface excédentaire, sans charge du bétail associée. La partie la plus compliquée de cette opération a été le processus bureaucratique de justification auprès de la PAC, qui a nécessité des conseils techniques étant donné le caractère innovant de ce type de contrat, avec de nombreuses exigences et phases de validation.

« Compte tenu de nos circonstances financières et de celles découlant de la Covid, le transfert de la charge du bétail nous a donné du temps et a apporté des avantages aux deux parties. Dans mon cas, étant donné le risque de perte de droits de la PAC, ce système nous permet de justifier les droits en garantissant les revenus d’exploitation pour la superficie excédentaire que nous avions. »

4. BESOINS DE FORMATION ET CONCLUSION

Expériences de formation et lacunes: Pour Alicia, les cours du Set Up visent à acquérir des connaissances techniques qui faciliteront l’activité choisie, ainsi que les connaissances nécessaires pour demander une subvention publique (mise en place / modernisation). Ainsi, bien que les outils de gestion tels que la comptabilité soient explorés, l’ensemble des options de financement qui peuvent être nécessaires pour les phases futures de croissance de l’entreprise n’est pas exploré.

En ce sens, Alicia estime qu’il est nécessaire de développer ces aspects par le biais d’autres programmes. Ainsi, il serait intéressant de savoir comment évaluer les besoins de son fonctionnement, et d’identifier les investissements nécessaires, apprendre à évaluer quel investissement est le plus approprié en fonction de chaque phase de l’entreprise, connaître les outils financiers, savoir quelle est la meilleure option de financement, réaliser un plan d’entreprise et savoir le défendre face à d’autres investisseurs. Ce sont également des domaines de connaissance qui pourraient générer une valeur ajoutée.

Pour ce faire, la formation doit être pratique et doit inclure des connaissances en matière de gestion comptable et fiscale, de flux de revenus et de dépenses, d’enregistrement des documents, de planification financière, d’évaluation des investissements, de génération de rapports, etc.

Considérations finales: Alicia a combiné différentes formes de financement, d’abord son projet Set Up est un outil de financement public par le biais d’une subvention, ensuite la SAT est une forme associative privée qui regroupe les intérêts de plusieurs éleveurs de bétail, leur permettant d’accéder aux pâturages communaux et enfin le contrat de charge du bétail, qui est un bail bilatéral privé.

Ces outils ont permis à Alicia de réduire ses risques, puisque la SAT garantit les pâturages par l’accès à des offres publiques, et l’aide à formaliser et à gérer les pâturages communaux. D’autre part, le contrat de charge du bétail offre la possibilité de faire valoir les droits de la PAC et de percevoir un loyer pour la cession des pâturages, ce qui a permis à Alicia de générer des revenus malgré le manque de bétail. Et enfin, la subvention Set Up a permis le processus de succession agricole au sein de la cellule familiale, avec l’achat du bétail de son père.

Ces outils ont réduit l’incertitude et donné à Alicia des possibilités d’adaptation aux circonstances actuelles de la situation de Covid. Cependant, il s’agit de formes de financement qui présentent des difficultés. La constitution en société offre quelques fonds pour démarrer une entreprise, mais la structure en phases de collecte oblige les jeunes agriculteurs à avoir leurs propres fonds, à demander un financement bancaire ou à prévoir des paiements pour leurs achats en les adaptant aux collectes du programme Set Up.

Le contrat de transfert de charge du bétail n’est pas non plus sans difficultés. En plus de devoir convenir des conditions du bail, les exigences bureaucratiques du point de vue de la PAC rendent la gestion du contrat difficile. Il est donc nécessaire d’impliquer des conseillers techniques pour guider et résoudre les difficultés qui peuvent surgir, surtout si cette forme de contrat n’est pas bien définie dans votre pays.